Au détour

Publié le par laurent fournier

Au détour d’une courgette j’ai senti la chose. Un frisson dans l’éplucheur. Un pleur dans la raison. Le temps passe comme cette pelure verte. Le temps las, j’en suis couverte. Je l’épluche comme on m’épluche. Je la grignote dans le geste. De haut en bas, jamais à l’inverse. Aigreur extrême de dépecer l’être inerte, de le mettre à nue sous sa vue. La table s’amoncelle en lamelles. Elles se croisent en tous sens, sans forme, ni pertinence. Je pense. Je pense la courgette. Je panse cette courgette qui à peau découverte suinte le jus qui me reste. Pauvre pièce que celle que j’encaisse. Vaste théâtre au décor funeste. D’une maladresse, le corps spongieux me délaisse, je bascule à la renverse. Ma tête heurte un trouble-fête. Qu’est devenue cette courgette ? me reste ... Reste !

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article