Si t'étais un tableau
Sûrement pas une aquarelle, trop mêlée à la matière
Trop liquide, pas assez de consistance
Non plus à l’huile, pas assez aérien
Trop encré dans l’âge, sévèrement sérieux
Si t’étais un tableau, tu serais une toile
Sans cadre, ni ajout
Sans attache
Un voile moulé aux vents
Entre ondulation et tension
Un éclat de lumière dans une rétine passagère
Une éternelle sensation dans l’encadré d’une position
Transport du temps d’une modernité à l’autre
Si t’étais une Toile
Elle s’offrirait aux nouveaux procédés
Comme on s’offre un nouveau monde
L’huile mélangée au pigment broyé
Synthèse des essentiels
La juste mesure d’une démesure
Tu serais donc le tableau à exister
Le coup de pinceauparfait
Prolongé dans la synapse, achevé dans le neurone
Un lien entre dehors et dedans.
Les styles passent et trépassent
Les jours nous assiègent
Les années nous piègent
Les siècles nous encerclent
Mais l’art nous humanise.
La caverne revient
Dans le trait primal et primaire
Celui qu’on pense peu, mais qui nous panse bien
Caché dans les recoins du soi, dans les replis de nos plis
Dans l’artiste,
Cette ligne prisonnière de la matière
Se libère dans la pupille altière, offerte à celui qui vit
L’insondable s’y coule, calé en espiègle
Petit rien tenant du Tout.