De quoi pèse la Terre
Un vent voyageur charrié par quatre millions d’années me susurre
D’air colmaté de matière
D’électrons en déraison
D’équations cachées dans les replis d’un espace en expansion
De photons pliés aux lois du neutron
D’un big-bang pico-secondé dans l’éternité
Mais un souffle rupestre et tribal me chatouille l’épiderme
Me titille jusqu’aux fondements
Cette brise printanière venue de derrière
Me déboule en amont et me déroule l’aval
Ce chant ancestral chamboule maintenant d’un coda fracturé
Ce flux mirifique incère l’Alpha dans l’Oméga
Et enserre la Terre de Gens
De personnes
D’individus
D’âmes, portons l’autre au-delà de la vue
70 milliards de flammes vives qui parsèment et sèment le globe
Depuis la première aurore contemplée d’un regard crédule et sorcier
Jusqu’au dernier crépuscule prié d’être renouvelé dans les certitudes
70 milliards de destinés estampillées d’enVies
Et de Croyances …
Aujourd’hui nous déposons une âme de plus, Noah - modeste et formidable-
Pour que la Terre tourne plus vite,
Pour qu’elle s’incline d’un fragment,
Pour concentrer la matière dans l’éphémère,
Pour qu’elle fasse fléchir d’un nanomètre le centre de l’univers - rien que ça -
Mais surtout et résolument
Pour donner une direction à l’horizon
Pour habiller l’astre de sens
Pour vivre le cœur à tombeau ouvert chargé d’espérances.