Le taux horaire

Publié le par laurent fournier

J’me suis mis hors la loi. C’est la première fois. J’ai transgressé article et décret, sans sourciller, l’œil noir foncé, entaché de lueurs d’excès.
De la limite, j’ai fait fi. D’autrui, je n’ai rien consenti. Seul, moi seul ai mis la société en danger, retracé les contours de son homogénéité.
Singulière défaillance que d’avoir pesé plus lourd que la masse. Je le confesse, je fus un délinquant. Un vilain bougre aux mains sales, un haparatchick législatif, un orgueilleux brigand, l’affreux des affreux.
Ici donc, je veux me repentir. J’affronte moi-même à moi-même. Je me plie bas et demande l’absolution.
Oui, j’ai pêché. Oui, le vent de la folie m’a emporté d’un coup rageur.
Ce jour est le jour de ma repentance. Fini la ligne franchie, les mauvaises réparties.
Du texte législatif, je vais m’honorer, du texte législatif, je vais me laver.
C’est juré, la patrie n’aura plus à trembler de moi. Je ne forcerai plus l’état à me payer en deçà du smic. Maintenant, à l’instant même où j’atteindrais le seuil fatidique de smic horaire, je lâcherais tache et labeur pour enfourcher loisir et plaisir.

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