Mon fief

Publié le par laurent fournier

   J’le porte au cul. Bien plaqué au derrière. Il me colle, me chauffe l’anus, me titille le rectum, m’fait frémir l’duodénum.
Il embaume le sky chaud, celui usé au temps. Autant qu’j’le peux. Peu j’le quitte, ce putain de siège, cet emblème « fiéfal ».
De deux fesses, j’fait ventouse. Mon p’tit trou aspire un peu d’air mariant l’objet à merveille avec mon désir monacal. Moniacal. Foi en ma paroisse…
Je siège. J’m’assiège. J’me prends en otage. Première victime consentante. Puis, j’expands. Je répands, répands mon odeur fécale. J’assigne l’autre dans mon siège. Vaste piège. Tentaculaire, gluant et amer.
Cet effort me sue, dépose une intarissable pellicule océanique sur ma peau grasse, aux entournures de mon front bas. Tempête cérébrale. Chahut anal. Explosion rectale. Je suinte du cul.
Soyons clair, je pue la merde et en parfum l’air. Odeur d’emmerdes.
Ventousé à fond, je croise les jambes sans l’ombre d’un pli. Y’a bien longtemps qu’mes couilles s’en sont allées. Au loin ou ailleurs ! Qu’en sais-je ? Je crois les avoir égarées lors d’une bataille à mord, avec un autre, ou avec moi-même, si je me souviens. Plus très bien. De toute façon, la mémoire m’échappe, ça rend l’odeur de la merde supportable.
J’suis quelque part un jardinier, j’entretiens le fumier. J’suis un gars d’la terre, sauf que moi j’cultive le marasme, le flou total. J’obscurcis les idées en traitant les choses juste à côté. Ça, c’est primordial ! Tu parles d’un truc, mais en l’effleurant, une caresse assassine, une maladresse bien adroite, un pied dedans, le reste dehors.
Et tu sais quoi … tu t’en sors. On t’écoute. On tend l’oreille. Toujours l’effort de l’autre côté. Je déblatère un tas d’ordures enrubané du sort d’autrui. Mes commissures laissent échapper un peu d’salive, marque facial d’un contenu trop contenu.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article